La rupture du ligament croisé du genou

S’il existe une blessure aussi répandue que méconnue, c’est bien la rupture du ligament croisé du genou ! Souvent, le terme effraie, par les longs mois de rééducation qu’il implique dans notre imaginaire collectif. Mais qu’en est-il réellement ? Aussitôt que les vacances aux sports d’hiver approchent, les mêmes questions surgissent : mon ligament a-t-il rompu ? Ce gonflement est-il inquiétant ? Dois-je passer un examen ? Quels sont les risques de cette blessure ? 

Le Dr Frank Wein, chirurgien orthopédiste et membre de la société française d’arthroscopie, est un spécialiste de la rupture du ligament croisé du genou. Pour DrSport, le Dr Wein fait le check-up complet de cette pathologie qui touche de nombreux sportifs, mais pas uniquement ! Un regard passionnant et complémentaire du programme de reprise sportive du genou proposé par DrSport.

La rupture du ligament croisé du genou, une brève présentation

Tout ce qu’il faut retenir :

• le genou est l’articulation située entre la cuisse et la jambe, entre le fémur (en haut) et le tibia (en bas) ;
• l’entorse est un déplacement de deux surfaces articulaire avec retour à la position initiale ;
• il existe une distinction entre les entorses du ligament collatéral latéral (externe) et les entorses du ligament collatéral médial (interne) ;
• les entorses du ligament collatéral médial représente 90% des cas d’entorse du genou ;
• la blessure apparaît avec un mouvement en torsion ;
• les principaux symptômes sont la douleur, un gonflement, un sentiment d’instabilité du genou, et parfois un craquement ;
• consulter dès qu’un signe grave apparaît : sensation de déchirure, impossibilité de marcher, gonflement ;
• au début, aucun sport n’est possible, ensuite, est envisageable le vélo ou la natation (sans brasse) ;
• nous déconseillons les sports de ballon, le ski, les sports de combat, l’escalade ;
• en priorité, après la blessure, appliquer du froid et des pansements alcoolisés.

La rupture du ligament croisé du genou, comment en être certain ?

C’est peut-être la question la plus évidente, et celle qui inquiète le plus grand nombre de personnes : comment être sûr que l’on souffre d’une rupture du ligament croisé d’un genou ? Vous avez subi une torsion lors d’une chute ou d’un traumatisme et votre genou gonfle ? C’est mauvais signe. Si vous avez eu le sentiment d’un craquement dans votre genou et qu’à présent il se déboîte, consultez un médecin : il semblerait que votre ligament se soit rompu. Votre médecin procédera à des tests spécifiques. Si le doute subsiste, une IRM permettra de confirmer le diagnostic.

Quel est le profil type du patient qui souffre d’une rupture d’un ligament croisé du genou ?

Selon le Dr Wein, un profil clair se détache quant au patient souffrant d’une rupture du ligament croisé du genou : « Il est très souvent jeune et sportif. Le football, le ski, le rugby, le handball, le basket et les sports de combat sont les disciplines les plus exposées au syndrome. Mais ce type de rupture peut également toucher des ouvriers du bâtiment qui chutent d’un échafaudage ou des personnes qui subissent un accident de la vie courante. » En substance, les sports à pivot et les métiers à risque physique sont les premières sources d’une rupture du ligament croisé du genou. 

Faut-il oui ou non opérer ?

Plus que l’âge, c’est désormais la sensation du corps qui est privilégiée : « Le seul critère, selon moi, c’est la sensation d’instabilité. L’âge n’en est plus un. Il y a quelques années, on s’interdisait d’opérer après 40 ans, considérant que le patient n’était plus assez actif. Mais aujourd’hui, on n’hésite plus à le faire car les patients pratiquent de plus en plus souvent une activité sportive tout au long de leur vie et les bénéfices de l’opération sont importants. On supprime l’instabilité et on évite l’apparition des lésions secondaires. »

Patience avant de vous faire opérer…

Là encore, il est essentiel de se détacher des idées préconçues :  « Oui, même si les médias nous rapportent le cas de footballeurs professionnels qui se font opérer dans la semaine qui suit leur blessure. Cependant, on conseille souvent d’attendre six semaines avant d’envisager une intervention. Pendant cette période, le patient va porter une attelle pour se soulager et éviter d’aggraver les choses. Durant ces six semaines, on va prescrire de la rééducation pour ne pas perdre de musculature, surtout au niveau du quadriceps, afin de récupérer une meilleure stabilité. Parfois, il arrive qu’on récupère une stabilité complète et, qu’au final, l’opération ne s’impose plus. »

Comment se déroule l’opération ?

Souvent, le sport pratiqué influence le type d’intervention  : « On pratique un peu une chirurgie à la carte. On ne prend plus systématiquement tel ou tel tendon pour réparer le ligament croisé. S’il s’agit d’un basketteur, il serait dommage de lui prendre le tendon rotulien car une fois rétabli, ça limiterait sa capacité de rebond. Idem pour un carreleur qui passe sa vie à genou : la cicatrice le gênerait. Avec une danseuse, on évitera de prendre les tendons ischio-jambiers car elle en a besoin pour faire des pointes. Depuis 2013, des chercheurs ont découvert l’existence du ligament antérolatéral. On se doutait de sa présence mais il est encore invisible à l’IRM. Quand le croisé se rompt, lui aussi souffre. Le reconstruire permet de gagner en stabilité. »

Et après ? Combien de temps dure l’arrêt de travail ?

Adaptation. Tel est le maître mot ! Un ouvrier sur un chantier ne reprendra évidemment pas aussi vite qu’un employé dans son bureau : « Quelqu’un qui exerce dans un bureau va pouvoir reprendre une activité au bout d’un mois car on lâche les béquilles et on donne l’autorisation de conduire quatre semaines après l’intervention. Un ouvrier du bâtiment, lui, ne pourra pas reprendre avant au moins trois mois. »

Et le sport ? Quand reprendre après une rupture d’un ligament croisé du genou ?

L’objectif est une reprise douce et progressive : privilégiez les sports qui n’appuient pas trop sur votre genou, et surtout évitez ceux à l’origine de la blessure. « Pour le vélo, c’est très rapide : comptez environ quinze jours, trois semaines parfois. Concernant la course à pied, il faut attendre entre 3 et 4 mois. Pour les sports en pivot, 6 mois sont un minimum (un délai de huit à neuf mois est recommandé).

Souvenez-vous : le footballeur Ibrahimovic était pressé de reprendre à six mois pile. Que s’est-il passé ? Deux matches plus tard, il était de nouveau blessé… Il ne faut pas être pressé. La blessure peut resurgir si la reprise est trop précoce. »

Un dernier conseil ?

Le petit plus du Dr Wein pour la communauté DrSport ? « Préservez les ménisques ! Si lors de la rupture de votre ligament croisé, un ménisque est touché, on essaiera de le conserver ou de le réparer de manière à prévenir ou limiter l’apparition d’arthrose précoce. »

Et surtout, n’oubliez pas : si vous souhaitez reprendre le sport en toute sécurité après une blessure au genou, entorse ou rupture du ligament croisé, profitez dès à présent de notre programme de reprise sportive du genou. 

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