Le monde du sport évolue constamment et une discipline, née il y a seulement quelques dizaines années, prend de l’ampleur. Il s’agit de l’e-Sport, ou « sport électronique ». Tournois internationaux, véritables athlètes… cette discipline commence même à intéresser le Comité Olympique International (CIO) et sera intégrée aux Jeux Asiatiques de 2022. Toutefois, dans l’imaginaire collectif, jouer aux jeux-vidéo ne peut pas être considéré comme un « sport ».
Pour en savoir plus sur le sujet, nous avons interrogé Thomas « Corran » Clessienne, étudiant sortant de la Helios Gaming School de Freyming-Merlebach (57), et Marie « Bulle » Leggio, diététicienne, naturopathe et professeure d’hygiène de vie.
Qu’est-ce que l’e-Sport ?
La définition de l’e-Sport est simple : il s’agit du fait de jouer à un jeu-vidéo contre d’autres joueurs par le biais d’une connexion réseau ou une connexion locale, le tout dans le cadre de compétitions organisées. Comme pour les autres sports, il existe une Fédération Internationale (crée en 2008 et qui compte 47 pays en 2018). Sa professionnalisation, assez récente, a donné lieu à la création d’équipes de joueurs professionnels sous contrat avec des sponsors.
L’e-sport, un sport comme les autres ?
« Dans l’e-Sport, les principes du sport sont là : le dépassement de ses limites, l’amélioration, le fair-play », nous explique Thomas « Corran » Clessienne. Il pointe toutefois du doigt une grosse différence avec les autres sports : « un jeu appartient à un éditeur. »
Néanmoins, au quotidien, un joueur professionnel est autant engagé qu’un athlète. « Il y a un entraînement technique et tactique sur les jeux, des échauffements avec des applications spéciales… être joueur professionnel c’est un travail à temps plein. »
Quand on pense « sport » on imagine la course, le football, le tennis… des sports où l’effort physique est bien présent. Dans l’e-Sport, ce n’est pas le cas, et c’est ce qu’on lui reproche… en oubliant toutefois que les échecs sont considérés un sport et même un sport olympique. Les joueurs d’e-Sport doivent faire preuve de vigilance, adaptation et réactivité, un véritable effort mental et psychologique durant toute la partie.
« On a l’image du joueur avec ses chips et son soda… et ce n’est pas faux », nous explique Marie « Bulle » Leggio. « C’est pour ça que les joueurs ont des cours d’hygiène de vie : pour apprendre à prendre soin de leur santé et améliorer leurs performances. Une digestion lourde, par exemple liée à un repas pris dans un fast-food, peut baisser de 30 % les capacités tandis que le sucre peut entraîner une hypoglycémie qui réduit la vigilance. »
Les joueurs doivent également apprendre à « déconnecter, à se détacher des écrans et, bien évidemment, à se dépenser physiquement tous les jours. »
« S’il n’y a pas le côté santé, dans l’e-Sport il y a sans aucun doute le côté développement personnel. »
Des équipes suivies par des professionnels du sport
Preuve que les joueurs d’e-Sport sont des athlètes, ils ont de véritables équipes derrière eux. Des managers qui doivent gérer les tensions, des spécialistes tactiques et même des kinésithérapeutes les soutiennent. « L’équipe professionnelle Gamers Origin, présente à l’ESWC à Metz en septembre 2018, avait son kiné à côté des postes de jeu », nous dévoile Thomas « Corran ».
Autre exemple : l’équipe de Rugby de Perpignan, l’USAP, a lancé son équipe e-Sport. Elle a annoncé que les joueurs bénéficieront des mêmes ressources que les rugbymen. Autrement dit, elle aura à disposition le kiné et le préparateur physique. « La question de la santé physique des joueurs est de plus en plus étudiée dans les équipes professionnelles. Un joueur peut souffrir des cervicales, de tendinites, du canal carpien ou encore de manque de sommeil du fait de son activité. Les équipes qui entourent les joueurs professionnels sont là pour remédier à ces problèmes, comme pour un sportif classique. »
Repères Dr Sport
L’e-Sport compterait plus de 1 500 joueurs professionnels et semi-professionnels en France. Il s’agit d’une population très jeune puisque 62 % des joueurs seraient nés après 1980.
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