Syndrome du canal de Guyon

Qu’est-ce que le syndrome du canal de Guyon?

Il s’agit d’un syndrome canalaire qui correspond aux manifestations neurologiques liées à l’irritation d’un nerf lorsqu’il traverse un défilé ostéo-ligamento-musculaire, en l’occurrence la compression du nerf ulnaire (cubital) dans le canal de Guyon situé à la face interne du poignet.
Le poignet est l’articulation située entre la main et l’avant-bras, qui rassemble l’extrémité distale du radius et de l’ulna ou cubitus (les os de l’avant-bras) et le carpe composé de deux rangées proximale et distale de quatre petits os (la 1ère rangée comprend de l’extérieur vers l’intérieur: le scaphoïde, le semi-lunaire, le pyramidal, le pisiforme et la 2ème rangée: le trapèze, le trapézoïde, le grand os, l’os crochu).
Liés par des ligaments, les os carpiens forment un “tunnel”, le canal carpien, dans lequel passe les neuf tendons des muscles fléchisseurs des doigts, les tendons fléchisseurs des doigts et le nerf médian à la fois sensitif et moteur (impliqué dans la sensibilité des doigts et dans les mouvements des doigts et de la main).
Le nerf médian commande la sensibilité d’une partie de la main et du bras, et permet de réaliser des mouvements avec la main et le poignet. 
Il descend dans l’avant-bras, passe dans le canal carpien au niveau du poignet, et se répartit dans les quatre premiers doigts : le pouce, l’index, le majeur (ou médius) et une partie de l’annulaire.
Il existe à côté du canal carpien un autre canal ostéofibreux: le canal de Guyon, qui contient le nerf ulnaire (cubital) également sensitif (pour le 5ème doigt et la partie interne du 4ème doigt) et moteur.
Le nerf ulnaire, pair et mixte (il est composé de fibres nerveuses sensitives et motrices), constitue la plus volumineuse des deux branches terminales du faisceau médial du plexus brachial.
Il prend son origine au niveau du faisceau médial du plexus brachial (issu de la vertèbre cervicale C8 et la vertèbre thoracique T11), traverse la partie médiale du bras en direction du coude, passe derrière l’épicondyle médial (saillie osseuse de l’extrémité inférieure de l’humérus), puis rejoint et suit l’ulna. 
Au niveau du coude, le nerf ulnaire passe dans un creux (la gouttière épitrochléo-olécrânienne ou sillon du nerf ulnaire) entre une bosse de l’humérus vers l’intérieur du coude (épitrochlée ou épicondyle médial) et une portion de l’ulna (olécrâne).
À ce niveau, il innerve différents muscles de l’avant-bras, avant de poursuivre son trajet jusque dans la main, où il participe à l’innervation musculaire et cutanée.
Les branches musculaires du nerf ulnaire innervent:
-Les muscles fléchisseurs de la loge antérieure de l’avant-bras : le muscle fléchisseur ulnaire du carpe ainsi que la moitié médiale du fléchisseur profond des doigts. 
-La majorité des muscles intrinsèques de la main.
Les branches cutanées du nerf ulnaire innervent:
La peau de la main au niveau de ses faces antérieure et postérieure, ainsi qu’au niveau de son tiers médial.
Le nerf ulnaire a pour principales fonctions:
-L’innervation de l’avant-bras et de la main, la flexion ainsi que l’adduction du poignet et des doigts.
La réception et la transmission d’informations sensitives au niveau des différentes faces de la main.
La compression du nerf cubital dans le canal de Guyon est responsable d’un syndrome du canal de Guyon qui équivaut cliniquement au syndrome du canal carpien mais qui concerne le 5ème doigt.
Ce syndrome du canal de Guyon est beaucoup plus rare que le syndrome du canal carpien mais ils peuvent être dans quelques cas associés.
On distingue 3 stades de gravité différentes et conditionnant la qualité du résultat post-opératoire.
1)Le stade I (forme minime) caractérisé par uniquement des dysesthésies et paresthésies (fourmillements), sans troubles moteurs, de pronostic toujours favorable.
2)Le stade II forme intermédiaire) caractérisé par des troubles sensitifs subjectifs et objectifs (mineurs), troubles moteurs (difficulté à mobiliser le 5ème doigt) discrets (à l’effort), de bon pronostic à condition que le traitement soit précoce.
3)Le stade III (forme sévère) caractérisé par des troubles sensitifs nets, troubles moteurs évidents et amyotrophie. 

Comment apparaît le syndrome du canal de Guyon?

Les syndromes canalaires se définissent comme la traduction clinique d’un conflit contenant-contenu entre:
-Un tronc nerveux (nerf) périphérique.
-Une région anatomique particulière de son trajet, où les conditions locales peuvent être responsables de multiples micro-traumatismes aboutissant à des phénomènes irritatifs et inflammatoires et à la souffrance progressive du nerf.
Ils ont en commun certaines caractéristiques:
1) Sur le plan histologique (des tissus), ces phénomènes inflammatoires aboutissent progressivement à la constitution d’un épaississement localisé du nerf réalisant un véritable névrome de continuité, où la production lente de fibrose cicatricielle entraîne une dégénérescence des fibres nerveuses avec association fréquente de complications vasculaires au niveau de la micro-circulation intra-neurale responsable de lésions ischémiques.
2) Sur le plan étiologique (les causes de la pathologie), plusieurs facteurs communs peuvent être retrouvés:
-Profession exposée: carreleur, utilisation de marteau piqueur…
-Antécédents traumatiques.
-Facteurs endocriniens.
Mais la plupart de ces syndromes restent idiopathiques (sans cause connue) et en rapport uniquement avec les conditions anatomiques locales.
La compression du nerf ulnaire se retrouve le plus fréquemment au niveau du coude (sa compression au niveau du poignet est rare) mais des compressions sur tout le long de son trajet sont décrites notamment au niveau du canal de Guyon.
Il existe deux sites de souffrance de ce nerf: le poignet et le coude.
Il passe en arrière de l’axe de rotation du coude dans la gouttière épitrochléo-olécranienne (face interne du coude) puis s’engage sous diverses arcades fibreuses à la partie haute de l’avant bras sur son versant interne.
Le nerf ulnaire tendu en flexion du coude est donc en situation d’étirement: il doit pouvoir glisser facilement pour pouvoir adapter sa longueur lors des mouvements de flexion extension.
S’il est comprimé, il se crée des phénomènes de traction et de cisaillements qui perturbent son fonctionnement.
La plupart du temps, il est gêné par l’épaississement d’une sorte de bandelette résistante qui le maintient dans le sillon: la bandelette aponévrotique épitrochléo-olécrânienne.
Mais plus rarement, d’autres éléments sont en cause:
-Un passage du nerf sous un muscle.(variante ou particularité anatomique).
-Une boule formée par des cellules du nerf qui se multiplient anormalement (une tumeur nerveuse ou névrome)…
Ils surviennent dans les suites plus ou moins lointaines de traumatismes de la région du coude ( fracture, hématome, compression posturale….) dans plus de la moitié des cas, de manière idiopathique (sans raison précise) sans de nombreux cas.
Ils peuvent être associés au développement d’arthrose.
L’étiologie des compressions est généralement idiopathique au niveau du coude contrairement au canal de Guyon où l’on retrouve souvent un agent compressif: fracture, kyste synovial, arthrose, tumeur….
Il s’agit sûrement du syndrome canalaire le plus fréquent après le syndrome du canal carpien et cette fréquence est due à l’extrême vulnérabilité du nerf à la jonction brachiale/antébrachiale car:
-Il emprunte un tunnel ostéo-fibreux inextensible et en perpétuel mouvement dans une zone anatomique de transition où le nerf est pratiquement sous-cutané. 
-L’anatomie “dynamique” variable avec des mouvements du coude permet de définir un certain nombre de gestes ou de positions à risques dans des professions “exposées”.
A chaque mouvement de flexion et d’extension du coude, le nerf se luxe littéralement en avant de l’épitrochlée, entraînant autant de micro-traumatismes à ce niveau.
La répétition de ces micro-traumatismes aboutit progressivement à la neuropathie.
Les autres causes plus rares sont l’arthrose du coude, le kyste synovial ou une anomalie d’insertion musculaire.

Quels sont les symptômes?

Les douleurs sont très rares et le patient ressent plus une gêne au niveau des doigts en particulier le 5ème qu’une douleur.
Le début est souvent insidieux (ou parfois brutal et précis) caractérisé par:
-Des dysesthésies (diminution ou une exagération de la sensibilité) et paresthésies (troubles du sens du toucher).a la face interne du poignet de la main et au niveau du 5ème doigt.
-Des engourdissements au niveau des 4ème et 5ème doigts et du bord cubital de la main.
-Une sensation fréquente de brûlures.
-L’apparition progressive d’une hypoesthésie (diminution du sens du toucher et de la sensibilité physique) à la face interne du poignet de la main et au niveau du 5ème doigt.
-Des signes moteurs les plus précoces caractérisés par une maladresse, une faiblesse dans les mouvements fins de la main et des doigts, une difficulté croissante à écarter les doigts, déficit de l’adduction de l’auriculaire..
-Une perte de force au niveau de la main et du poignet très évocatrice d’une compression du nerf cubital au coude.

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