Lésion cervicale
Qu’est-ce qu’une lésion cervicale?
Elle désigne tout traumatisme atteignant le système ostéo-disco-ligamentaire du cou et pouvant entraîner des conséquences neurologiques mettant en jeu le pronostic vital et fonctionnel et des complications à court, moyen ou long terme.
Elle peut être isolée ou associée à d’autres dans le cas d’un polytraumatisme.
Elle est potentiellement grave car le cou est une partie du corps où de nombreuses structures physiologiquement importantes sont relativement exposées (carotide, larynx, moelle épinière). Lorsque ces structures sont atteintes, le recours urgent à une prise en charge chirurgicale est impératif.
La colonne vertébrale est constituée de 33 vertèbres reliées entre elles pour former un axe en forme de double S.
De la partie supérieure à la partie inférieure on trouve:
-7 vertèbres cervicales: C1 à C7, C1 étant la vertèbre située en haut de la colonne, tout juste sous le crâne. C7 est située directement au-dessus de la première vertèbre dorsale, ou D1. On distingue:
1)Le rachis cervical supérieur comportant:
-L’atlas (C1) qui supporte le poids du crâne. Contrairement aux autres vertèbres, l’atlas ne comprend pas de processus épineux (les petites saillies au milieu des vertèbres, visibles lorsque l’on regarde le dos nu). La structure unique de l’atlas permet de hocher la tête ou de la pencher vers l’arrière.
-L’ axis (C2) qui joue un rôle de support. Sa structure unique comprend un processus épineux très court. L’atlas repose par-dessus l’axis et pivote autour de celle-ci, permettant de tourner la tête vers la droite ou la gauche. Aucun disque intervertébral ne sépare l’atlas et l’axis.
2)Le rachis cervical inférieur comportant:
-C3 à C7. C3 marque le début des vertèbres dites typiques (toutes semblables en structure et n’ont pas de rôle particulièrement différent des autres vertèbres cervicales, dorsales ou lombaires).
Bien que relativement semblables, les vertèbres cervicales sont plus petites et plus légères que les autres. Elles ont moins de poids à supporter et la courbure concave contribue à maintenir la tête en position.
L’espace intervertébral est plus mince entre les vertèbres cervicales qu’entre les vertèbres dorsales ou lombaires.
La structure unique du rachis cervical par rapport au reste de la colonne permet une plus grande flexibilité du cou.
-12 vertèbres dorsales composant le rachis dorsal, plus rigide (du fait des disques intervertébraux et que le rachis dorsal soit totalement solidaire de la cage thoracique) que le rachis cervical ou le rachis lombaire.
-5 vertèbres lombaires.
-5 vertèbres sacrales soudées entre elles pour former le sacrum.
-4 vertèbres coccygiennes soudées entre elles pour former le coccyx
Chaque vertèbre a la même constitution de base:
-Le corps, partie ventrale, est volumineux et solide et porte le poids de l’axe squelettique.
-L’arc vertébral, partie dorsale, entoure le foramen vertébral.
-Le foramen vertébral constitue la partie centrale et creusée de la vertèbre.
L’empilement des vertèbres constitue le canal vertébral, traversé par la moelle épinière.
Entre les vertèbres mobiles, les disques intervertébraux (constitués d’un anneau de cartilage fibreux et d’un noyau gélatineux) permettent les mouvements de la colonne et jouent un rôle d’amortisseur.
Les traumatismes du rachis ont deux conséquences:
-La première menace immédiatement le pronostic vital et fonctionnel par les lésions neurologiques.
-La deuxième, l’instabilité des lésions rachidiennes qui, passée inaperçue, peut conduire à la première menace.
Une douleur cervicale peut impliquer une lésion au niveau des os, des muscles, des disques ou des ligaments, mais la douleur peut également être causée par une lésion des nerfs ou de la moelle épinière.
Comment apparaît une lésion cervicale?
Plusieurs types de pathologies peuvent être rencontrées au niveau du rachis cervical.
1)Traumatiques: fractures et entorses
Les causes les plus fréquentes sont:
-Un accident de la voie publique.
-Un accident de travail.
-Un accident de sport.
Certaines causes sont anecdotiques et saisonnières: plongeon en eau peu profonde, chute d’un arbre…
Les chutes entraînent des contusions des plans cutanés et des muscles, ces derniers étant brutalement écrasés entre les os et le sol.
Les vertèbres peuvent s’écraser ce qui est un équivalent de fracture.
Heureusement, l’accident est rarement suivi de lésions de la moelle épinière qui chemine au cœur des vertèbres.
2)Dégénératives: hernies discales cervicales ou arthrose responsable de névralgie cervico-brachiale ou de myélopathie cervico-arthrosique, névralgie d’Arnold.
3)Inflammatoires: polyarthrite rhumatoïde, discopathie inflammatoire d’origine micro-cristalline.
4)Infectieuses: spondylodiscite, tuberculose.
5)Tumorales: métastases vertébrales.
Quels sont les symptômes?
Les premiers signes d’atteinte du rachis sont:
-Les circonstances de l’accident (choc direct, flexion ou torsion brutale …) à forte cinétique..
-La douleur ressentie soit au niveau de l’atteinte, soit à distance.
-Une faiblesse, un engourdissement et des picotements dans un bras.
-Un engourdissement et une faiblesse au niveau des deux bras ainsi que des deux jambes. -Parfois une perte de contrôle de la vessie et des intestins (incontinence).
Les signes de gravité sont :
-Une perte de force ou de sensibilité dans les bras et les jambes, éventuellement un symptôme de lésion nerveuse.
-De la fièvre.
-Des sueurs soudaines ou nocturnes.
-Des céphalées.
-Une léthargie ou confusion.
-Une gêne thoracique.
-Des difficultés à respirer soudaines.
-Une douleur déclenchée ou aggravée par l’effort physique.
Une personne qui présente ces signes ou bien une difficulté ou une douleur à la déglutition doit consulter un médecin immédiatement.
Si on suspecte une atteinte du rachis, il est indispensable de ne pas déplacer le blessé et d’appeler en urgence les services de secours (SAMU).
Si une personne sans signe avant-coureur présente une douleur sévère (surtout si elle n’est pas soulagée par le paracétamol ou un anti-inflammatoire non stéroïdien, elle doit consulter un médecin dans un délai d’environ un jour.
Le diagnostic se fait d’abord par l’examen neurologique:
1)Du rachis :
On recherche une douleur spontanée ou provoquée par la palpation ou la percussion des épineuses.
2)De la motricité :
On doit examiner la motricité et coter la force musculaire de 0 à 5 de façon soigneuse territoire par territoire:
-Aucune réponse musculaire perceptible: 0
-Lorsqu’on voit le relief du muscle sans que le geste soit efficace: 1
-Lorsqu’il y a une possibilité de mobiliser un segment de membre sans qu’intervienne la force de pesanteur: 2
-Lorsqu’il y a possibilité de mobiliser un segment de membre contre la pesanteur: 3
-Lorsqu’il y a mobilisation d’un segment de membre contre la pesanteur et contre l’opposition de l’examinateur: 4
-Lorsque la force musculaire est normale: 5
Cette cotation permet des examens comparatifs:
-Du tonus musculaire: résistance passive à la mobilisation des segments de membre, épreuve de ballottement des membres.
-Des réflexes ostéo tendineux et cutanés.
3)De La sensibilité thermique (véhiculée par le faisceau spino-thalamique ou antéro-latéral) explorée avec un tube d’eau chaude et un tube d’eau froide.
4) De la sensibilité douloureuse explorée par la piqûre à l’épingle.
5) De la sensibilité tactile fine explorée par l’effleurement d’un coton ou la reconnaissance de signes symboliques (croix, rond, barre, lettre ou chiffre).
6)De la sensibilité proprioceptive consciente ou profonde explorée avec un diapason sur les reliefs osseux et la recherche du sens de position des doigts ou des orteils.
Le niveau entre sensibilité normale et anesthésie permet de donner le niveau lésionnel d’une part et permet des examens comparatifs d’autre part.
4)Des troubles génito-sphinctériens
Au niveau vésical on peut rencontrer une rétention ou une incontinence.
Au niveau des organes génitaux masculins un priapisme est le signe d’un syndrome de section médullaire grave.